Wolfgang Amadeus Mozart a marqué de son empreinte plusieurs villes européennes, et Strasbourg figure parmi les étapes méconnues de ses pérégrinations musicales. Entre 1763 et 1778, le jeune prodige et sa famille ont traversé la cité alsacienne à plusieurs reprises, laissant derrière eux des témoignages fascinants de leur passage. Un itinéraire musical se dessine aujourd’hui dans les rues de la capitale européenne, révélant des anecdotes surprenantes sur ces séjours strasbourgeois.
Les premières arrivées : Mozart enfant découvre Strasbourg
Le premier passage documenté de Mozart à Strasbourg remonte à 1763, alors qu’il n’avait que sept ans. Accompagné de sa sœur Nannerl et de leurs parents, Leopold et Maria Anna, il traverse la ville lors de leur grand voyage européen. Les archives révèlent que la famille Mozart séjourna près de la cathédrale, dans une auberge aujourd’hui disparue, située rue Mercière.
Cette première visite laisse peu de traces musicales directes, mais les lettres de Leopold Mozart mentionnent l’accueil chaleureux des notables strasbourgeois. Le jeune Wolfgang donne alors quelques représentations privées dans les salons bourgeois du quartier de la cathédrale, impressionnant l’élite locale par sa virtuosité précoce.

1778 : un séjour musical déterminant
Le passage le plus documenté intervient en 1778, lors du voyage de Mozart vers Paris. Âgé de 22 ans, le compositeur s’arrête à Strasbourg pendant plusieurs jours en octobre, séjournant cette fois dans le quartier de la Petite France. Les correspondances de l’époque révèlent qu’il loge chez un marchand, probablement dans l’actuelle rue du Bain-aux-Plantes.
Durant ce séjour, Mozart donne un concert public dans la salle de l’ancien Hôtel de Ville, située place Kléber. Cet événement, rapporté dans les gazettes locales, attire une foule nombreuse venue découvrir celui qui commence à faire parler de lui dans toute l’Europe. Le programme comprenait notamment des variations pour piano et des extraits de ses premières symphonies.
Les lieux emblématiques du parcours mozartien
La cathédrale Notre-Dame et ses alentours
Le quartier cathédralique conserve plusieurs traces du passage mozartien. L’ancienne rue Mercière, aujourd’hui intégrée dans le périmètre piétonnier, abritait l’auberge où séjourna la famille en 1763. Si le bâtiment a disparu, une plaque commémorative pourrait prochainement marquer l’emplacement.
L’église Saint-Thomas, située non loin, possède un orgue remarquable que Mozart a probablement entendu lors de ses déambulations. Les registres paroissiaux ne mentionnent pas de concert particulier, mais la tradition locale évoque des improvisations du jeune musicien sur cet instrument.
Le quartier de la Petite France
Plus tard, en 1778, Mozart découvre un Strasbourg différent en séjournant dans la Petite France. Ce quartier artisanal, animé par les tanneurs et les meuniers, contraste avec l’atmosphère feutrée du centre canonial. Les maisons à colombages actuelles permettent d’imaginer le cadre de vie de l’époque, même si beaucoup ont été restaurées depuis.
La maison où il résida, selon les recherches historiques récentes, se situait probablement au numéro 15 de l’actuelle rue du Bain-aux-Plantes. Le bâtiment, reconstruit au XIXe siècle, abrite aujourd’hui un commerce, mais conserve dans sa cave des vestiges de l’époque mozartienne.
Anecdotes et témoignages d’époque
Les archives strasbourgeoises regorgent d’anecdotes savoureuses sur ces passages. En 1778, Mozart se plaint dans une lettre à son père de la qualité médiocre du clavecin mis à sa disposition pour le concert public. Il décrit l’instrument comme « désaccordé et aux touches collantes », ce qui ne l’empêche pas de triompher auprès du public strasbourgeois.
Une autre anecdote, rapportée par un chroniqueur local, évoque la surprise de Mozart découvrant la choucroute alsacienne. Habitué à la cuisine autrichienne, il aurait d’abord manifesté des réticences avant de se laisser convaincre par ce plat qui deviendrait, selon ses dires, « une révélation gustative ».
Les témoignages de l’époque soulignent aussi l’impression produite par sa prestance et son élégance vestimentaire, contrastant avec son jeune âge. Les dames de la société strasbourgeoise semblent particulièrement séduites par ce musicien aux manières raffinées.
L’héritage musical strasbourgeois
L’influence de Mozart sur la scène musicale strasbourgeoise perdure bien au-delà de ses séjours. Plusieurs musiciens locaux de la fin du XVIIIe siècle s’inspirent de ses œuvres, contribuant à diffuser son style dans la région. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg rend régulièrement hommage à ces liens historiques en programmant ses œuvres dans des lieux chargés d’histoire.
Aujourd’hui, l’Office de tourisme de Strasbourg propose un parcours thématique retraçant les pas du compositeur, tandis que l’Académie de Strasbourg développe des ressources pédagogiques autour de cette histoire musicale locale.
Ce patrimoine musical vivant s’enrichit régulièrement de nouvelles découvertes archivistiques, révélant l’ampleur des liens entre Mozart et la capitale alsacienne. Un héritage qui continue de résonner dans les rues de Strasbourg, trois siècles plus tard.
Cet article vous est proposé par UXAM, agence de détectives privés basée à Strasbourg.